jeudi 5 mai 2011

EMMANUELLE TOESCA : FIGURES ET SCULPTURES

Chemins de traverse

Formée chez Met de Penninghen puis à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, Emmanuelle Toesca ne s’est jamais vraiment résolue à adopter un unique mode d’expression. Elle s’est consacrée intensément à plusieurs formes, procédant dans chacune – dessin, peinture, sculpture – avec minutie à l’approfondissement d’un thème, par approches successives, par séries.

C’est sur ces chemins de traverse qu’elle a fait émerger les lignes de force de son art. Ainsi, cette prédilection pour les sujets mystérieux – Venise, les chevaux, les hommes du désert – ou encore ce léger tremblé du trait, infusant dans ses œuvres une vie subtile, secrète, et faisant d’elles moins des présences que des apparitions.

L’avènement à la sculpture.

Aujourd’hui, c’est à la sculpture qu’Emmanuelle Toesca consacre le plus clair de son temps. Figures humaines ou animales, fragments de corps, de postures, visages sans traits ou creusés au contraire : ces œuvres sans cesse retravaillées, approfondies, semblent toujours saisies dans un mouvement de l’instant, fixées certes mais non arrêtées, achevées mais point finies. La main de la dessinatrice communique à la matière la capacité à se prêter à cette « infinité d’orientations » dont parlait Paul Valéry.

Les œuvres d’Emmanuelle Toesca présentent des êtres pensifs, ou recrus, des corps alentis – et cependant tout y est toujours dynamique, dans la courbe d’une nuque, dans l’orientation d’un regard. Nous sommes conviés à la rencontre furtive du repos et du mouvement, à cet instant où l’être s’accorde un suspens, un rêve peut-être. Hamlet est là qui regarde en lui-même. Marie écoute l’Ange. Le matador goûte la fraction de silence précédant l’assaut de la bête. Un homme en porte un autre et, oubliant l’effort, sait accomplir sa destinée de brave.

Nous saisissons l’instant de réflexion qui soudain au cœur de l’action installe une faille. La sculpture d’Emmanuelle Toesca s’inscrit dans cette faille-là, et nous y convie – comme pour l’ouvrir en nous.


Sylvain Fort

Roxanne

Blanche


Natalité

Songe

Nathalie